Infos scientifiques
Pour mieux respecter, pour mieux apprécier, il nous faut mieux connaitre !
Pourquoi une rubrique scientifique sur un site d’agence de voyage ?
Parce que notre vie de vétérinaire praticien nous a amené à se former en permanence par des recherches bibliographiques, des formations, des séminaires pour améliorer nos compétences aux services des animaux.
Il nous a donc paru naturel de vous apporter des informations dites scientifiques car pour mieux respecter, pour mieux apprécier, il nous faut mieux connaitre !
Aussi nous allons partager avec vous quelques données de médecine vétérinaire, d’anatomie, d’éthologie, de zoologie, de protection animale, d’éthique et tant d’autres sujets qui nous passionnent ou nous interpellent.
Espérons que cette rubrique puisse vous donner l’envie d’aller plus loin dans les connaissances et dans la découverte des animaux et de leur environnement.
RHINOCEROS (Kifaru) : Un Big Five en danger !
En 2019, neuf rhinocéros noirs provenant d'Afrique du Sud ont été introduits dans le parc national du Serengeti, dans le nord-ouest de la Tanzanie, dans le cadre d'un programme visant à repeupler ces espaces protégés de cette espèce menacée d'extinction.
Issus de Thaba Tholo (https://thabatholo.co.za/), ferme sud-africaine de 37.000 hectares, située dans la province du Limpopo en Afrique du Sud, les rhinocéros sont arrivés à l'aéroport international Kilimandjaro (nord), avant d'être acheminés vers le Serengeti.
Selon l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), l'autorité mondiale qui statue sur l'état de conservation des plantes et des animaux sauvages, il reste moins de 5.000 rhinocéros noirs à l'état sauvage, ce qui les place parmi les animaux les plus menacés du monde.
Alors que les rhinocéros ne comptent que peu de prédateurs à l'état sauvage, dû fait de leur taille et de leur peau épaisse, ils ont été décimés par le braconnage alimenté par une demande principalement venue d’’Asie, où l'on prête à la corne de rhinocéros des vertus médicinales et aphrodisiaques.
Il existe cinq espèces de rhinocéros :
- Rhinocéros noir (Diceros Bicornis)
- Rhinocéros blanc (Ceratotherium Simum) : Il existe deux sous-espèces de rhinocéros blancs :
- le rhinocéros blanc du nord
- le rhinocéros blanc du sud
En 2018, le dernier rhinocéros blanc du Nord mâle est mort et il ne reste que deux rhinocéros blancs du Nord, tout deux étant des femelles !
- Grand rhinocéros à une corne (Rhinoceros Unicornis)
- Rhinocéros de Java (Rhinoceros Sondaicus) : Seuls 68 individus restent à l'état sauvage, tous confinés au parc national d'Ujung Kulon à l’extrémité sud-ouest de Java (https://whc.unesco.org/fr/list/608/).
- Rhinocéros de Sumatra (Dicerorhinus Sumatrensis) : Moins de 80 individus restent en vie.
Un peu d’histoire :
Le rhinocéros parcourait autrefois la majeure partie de l'Asie du Sud-est et de l'Afrique. Sa corne si singulière, sa taille énorme et ses caractéristiques physiques sont un rappel à la faune préhistorique.
Au début du 20ème siècle, environ 500 000 rhinocéros parcouraient l'Afrique et l'Asie. En 1970, la population était de 70 000 individus.
Aujourd'hui, ces chiffres sont tombés à moins de 30000 dont environ 10000 rhinocéros blancs à l'état sauvage dont la majorité d’entre eux (99,3%) se trouvent dans seulement cinq pays : Afrique du Sud, Namibie, Kenya, Botswana et Zimbabwe.
Selon la Frankfurt Zoological Society, l'écosystème constitué par le Serengeti et le Masaï Mara, côté kényan, abritait il y a 40 ans de 500 à 700 rhinocéros, que le braconnage avait réduits à une dizaine d'individus en 1977-1978.
Enfin les statistiques du parc national Kruger en Afrique du Sud indiquent un déclin de la population de 67 % pour les rhinocéros blancs et de 35 % pour les rhinocéros noirs, tous deux en moins d'une décennie !
La liste rouge de l'IUCN (Union internationale pour la conservation de la nature : https://www.iucn.org/fr) nous donne les statuts pour chaque espèce de Rhinocéros :
- Rhinocéros noir : En danger critique d'extinction mais population en augmentation (3142 individus)
- Rhinocéros blanc : Quasi menacé et population en diminution (10080 individus)
- Rhinocéros de Java et de Sumatra : en danger critique d'extinction (48 individus)
- Rhinocéros à une corne : vulnérable avec augmentation de la population (2200 individus)
Principaux facteurs de causalité à l'origine de la disparition des rhinocéros :
- L'abattage/braconnage des rhinocéros pour la corne de rhinocéros sur les marchés asiatiques.
- Perte et fragmentation de l'habitat causées par l'empiètement humain et le changement climatique
- La légalisation du commerce de corne de rhinocéros en Afrique du Sud
- Chasse aux trophées
- Des gouvernements corrompus, incompétents et désireux d'échanger la nature contre un gain à court terme
- Organisations et accords internationaux incapables de faire respecter la transparence et l'intégrité
Mais gardons l’espoir : suite à des programmes de repeuplement et au renforcement de la lutte contre le braconnage, le nombre de rhinocéros en Tanzanie augmente depuis 2015 pour un total de 167 individus en 2019, selon le ministère des Ressources naturelles !!
GIRAFE : l’extinction silencieuse
Sur fond de croissance démographique, l’habitat des girafes a été de plus en plus fragmenté et réduit, alors que dans le même temps certains continuent de les tuer uniquement pour leur peau, leur viande, leurs os ou leur queue (fabrication de bijoux en poils de queue de girafe et des sculptures réalisées à partir de leurs os), certains pensant même que la moelle osseuse et le cerveau des girafes peuvent guérir du sida !
A l'échelle du continent africain, le nombre de girafes a ainsi diminué de 40% entre 1985 et 2015, pour atteindre environ 68.000 individus adultes, selon des chiffres de l'Union internationale pour la conservation de la nature (IUCN) en 2016.
Par ailleurs, en Somalie, au Soudan du Sud, en République démocratique du Congo ou en Centrafrique notamment, les conflits favorisent le braconnage et rendent quasi impossible toute tentative d'étudier et protéger les girafes.
Tous ces éléments ont conduit l'IUCN a classé la girafe dans la catégorie des espèces "vulnérables" fin 2016 alors que lors de la précédente évaluation, en 2010, elle était encore classée comme "préoccupation mineure".
Plus grave encore, les scientifiques de l’IUCN ont déclaré, en 2019, les girafes Maasaï, sous-espèce répandue dans l'ensemble du Kenya et de la Tanzanie, comme étant « en danger de disparition », principalement à cause du braconnage (la chasse aux girafes est illégale au Kenya et en Tanzanie) et de la perte d'habitat liée à une nouvelle utilisation des terres.
On estime qu'il reste encore 35 000 girafes Maasaï, mais leur population a diminué de près de 50 % au cours des trois dernières décennies !
C’est la première fois que la sous-espèce masaï (Giraffa camelopardalis ssp. Tippelskirchi) est évaluée seule par l’IUCN (elle était auparavant rattachée au groupe des girafes -Giraffa camelopardalis).
Des neuf sous-espèces de girafes, les maasaï et les girafes réticulées sont considérées comme étant « en danger », et les girafes de Nubian et du Kordofan sont elles considérées en danger critique d'extinction.
Selon l'IUCN, environ 2 à 10 % de la population est chassée illégalement chaque année dans le parc national du Serengeti en Tanzanie !!
Malgré ces chiffres alarmants et parce que la girafe est un grand animal que l'on voit assez facilement dans les parcs et réserves, on parle souvent d'une "extinction silencieuse" d’autant que le problème se situe principalement en dehors des espaces protégés et que historiquement la girafe a rarement suscité beaucoup d'intérêt pour les chercheurs.
La HYENE (Fisi), cette mal-aimée !
Contrairement à d'autres prédateurs de la savane, comme le lion, le guépard ou le léopard, la hyène n'a pas bonne réputation : son physique peut-être, avec un arrière train tombant, mais aussi son « rire » si particulier et sa réputation de charognard. Au-delà même de son rôle de méchante dans le dessin animé "Le roi lion", elle représente aussi, dans les légendes africaines, l'animal que les sorciers chevauchent la nuit.
Ce rire un peu fou est une des caractéristiques de la hyène et définit son statut social et son âge dans le clan. En effet ces animaux possèdent un répertoire vocal parmi les plus riches chez les mammifères terrestres. Il permet à l'animal d'exprimer plusieurs sortes de messages, comme de la frustration face à de la nourriture, de la peur quand il se fait attaquer, ou encore de l'excitation quand il chasse ou attaque.
Mais la caractéristique la plus remarquable de cette espèce, est de ne pas avoir de dimorphisme sexuel visible. La femelle a en effet un clitoris hypertrophié, érectile, de la taille du pénis du mâle, et quasiment de la même forme : seul le gland a une forme un peu différente : celui de la femelle est presque sphérique, celui du mâle plus triangulaire.
C'est également par le clitoris que la femelle urine, s'accouple et met bas. A cause de cet organe à la forme inhabituelle, l'accouplement n'est pas évident pour le mâle, et la naissance est dangereuse pour la mère (déchirure du clitoris !) comme pour les petits, dont le taux de mortalité est élevé. Du côté des scientifiques, il n'y a pour le moment aucune explication pour expliquer cette morphologie.
Enfin n’oublions pas ce qui définit avant tout la hyène aux yeux de tous : Un charognard !
Grâce à sa mâchoire surpuissante et à ses sucs digestifs, la hyène peut tout manger, y compris les os ! Tout comme le vautour, c'est un nettoyeur, un « éboueur » de la savane dont le rôle écologique est fondamental.
Mais la hyène ne se nourrit pas que d'animaux morts ; en effet les trois-quarts de sa nourriture proviennent de sa chasse, effectuée en groupe, ce qui lui permet de tuer facilement gnous, buffles, gazelles et autres zèbres.
Leurs proies sont les mêmes que celles des lions, ce qui fait d’eux les ennemis jurés des hyènes. Des lions n'hésiteront donc pas à tuer une hyène isolée, et inversement.
Mais qui est le plus grand prédateur des deux ? Selon une étude menée dans le Serengeti en Tanzanie, 53 % des proies sont tuées par les hyènes et 33 % par les lions !!
Comment soigner un éléphant (Tembo) ?
Soigner un éléphant est un vrai challenge !
Et l’on ne parle même pas ici des problèmes administratifs, de l'approvisionnement en médicaments, des us & coutumes locales, des distances et de l'état des infrastructures...
Non, simplement parce que la gestion d’un animal sauvage si volumineux n’est pas une chose facile et que ses particularités anatomiques compliquent très nettement les soins !
Par exemple, l'éléphant possède une trompe, organe extraordinaire qui lui permet de tout explorer, de soulever plusieurs centaines de kilos, d’arracher des branches, de taper avec force … mais aussi d’enlever un pansement très rapidement, de souiller une plaie de terre ou d’eau et accessoirement de balayer un humain.
L’éléphant est aussi doté d’un goût et d’un odorat très fin. Parfaite adaptation à la vie sauvage mais s’il n’apprécie pas le médicament que vous avez mis dans la nourriture, il ira le rechercher avec sa trompe dans le fond de la gueule ! Quid de l’efficacité du traitement …
Autre exemple : malgré l'épaisseur de sa peau par endroits, il est sensible et douillet : la première injection passera peut-être, mais pas les suivantes.
Par ailleurs, l'éléphant étant très lourd, il ne peut pas rester couché plus de 3 heures d'affilée. S’il "tombe" sous l'effet d'un sédatif ou anesthésique, il risque alors de se faire très mal. Et même s'il se couche sans dégâts corporels immédiats, il doit être sur le côté pour éviter l'étouffement. L'intervention doit donc être rapide car les tissus en zone déclive peuvent nécroser du fait de l'écrasement et d'une oxygénation insuffisante.
Enfin, l'éléphant est intelligent, rapide (et potentiellement rancunier !). Il faut donc rester sur ses gardes à tout moment, un accident grave pouvant arriver.
LE GUÉPARD (Duma) : Un grand félin si vulnérable
Le guépard africain, dont plusieurs sous-espèces sont présentes dans différents pays africains, est inscrit comme espèce vulnérable (VU) sur la liste rouge de l'UICN (L'Union Internationale pour la Conservation de la Nature).
On constate une diminution du nombre de guépards à travers le monde, d’autant plus inquiétante que les différentes populations vivent isolées sans possibilité de contact entre les individus et donc de brassage génétique.
À ce jour, environ 4000 à 6000 guépards vivent encore sur la planète, alors qu’ils étaient 100 000 individus au début du XXe siècle !
En 2000, 220 guépards adultes (Acinonyx jubatus jubatus) étaient recensés dans le parc Kruger, plus grande réserve animalière d’Afrique du Sud, alors qu’il n’en subsiste plus que 70 aujourd’hui sur une superficie représentant presque 2 fois l’Île-de-France. En Iran, il reste aujourd’hui 22 adultes de la sous-espèce asiatique (A. jubatus venaticus) au lieu de 50 en 2017. Quant au guépard du Sahara (A. jubatus hecki) la population est réduite à 120 individus environ.
Ajoutons, par ailleurs, à ce constat alarmant, que le taux de mortalité atteint près de 90% les 6 premières semaines de leur existence.
Le déclin de la population de guépards est en partie dû à la baisse de leur fertilité. Il faut dire que les atteintes à l’environnement, la chasse et le commerce illégal ont tellement fait diminuer les effectifs que les populations survivantes présentent actuellement un fort taux de consanguinité. A contrario, les lions, redoutables prédateurs des jeunes guépards, présentent une fertilité et une prolificité bien meilleures.
Conscient de ce bilan, le CRESAM (Conservation et Reproduction des Espèces Sauvages Animales Menacées), association créée en 2002 par un vétérinaire français, le docteur Jean-Yves Routier, en partenariat avec un propriétaire d’une réserve en Afrique du Sud, enchaine les missions pour étudier des techniques de reproduction assistée aux guépards sauvages. Au sein d’un centre de recherche et d’étude pour la faune sauvage, en cours de création, le CRESAM a aujourd’hui pour objectif d’aller encore plus loin. Les recherches s’orientent, avec l’aide de nombreux spécialistes vétérinaires de l’École Nationale Vétérinaire d’Alfort, vers l’étude et la mise en place de protocoles novateurs pour favoriser la reproduction des carnivores sauvages.
Souhaitons que nos confrères trouvent les ressources (financières et humaines) pour mener à bien cet important travail, pour enfin apporter une embellie dans la conservation des micros populations d’espèces sauvages.
Pour en savoir plus sur l’ensemble des programmes de recherches, rendez-vous sur : http://www.cresam.fr/